La
majeur partie de l'électricité consommée aujourd'hui en France est
d'origine nucléaire, produite dans des centrales mettant en oeuvre la
fission de l'uranium. Une autre voie est envisagée et étudiée
actuellement, la fusion nucléaire ; un réacteur expérimental, fruit de
la coopération au niveau mondial de grands pays industrialisés, est en
construction à Cadarache.
L'objectif, dans cette partie, est de mettre en perspective ces deux
principes, à l'aide d'un modèle élémentaire du noyau atomique et de
dégager quelques ordres de grandeur.
Composition d'un noyau atomique. Quelles sont les particules élémentaires constitutives du noyau atomique. Le noyau de l'atome AZX comprend Z protons et A-Z neutrons.
Que désignent les nombres Z et A ? Comment les nomme -on ? Z : nombre de charge ( numéro atomique) ; A : nombre de masse, nombre de nucléons, protons + neutrons.
Donner la composition des noyaux 23592U, 11H, 42He. 23592U : 92 protons, 235-92 =143 neutrons
11H : 1 proton, aucun neutron ; 42He : 2 protons, 2 neutrons.
Pourquoi 235U et 238 U sont-ils désignés par la même lettre symbole ? Comment nomme t-on cette propriété ? Ces
deux noyaux possèdent le même numéro atomique Z = 92 : ils
appartiennent à la même case du tableau périodique. Ils ne se
différencient que par leur nombre de neutrons : ce sont deux isotopes
de l'uranium.
Citer un autre couple de noyaux ayant cette propriété, utilisé en datation d'organismes vivants.
Le carbone 12 et le carbone 14 : 12C et 14C.
Comment nomme t-on la différence Dm entre la somme des masses des particules constituant un noyau et la masse de ce noyau ?
Dm est le défaut de masse du noyau.
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On définit B = Dm c2 où c est la célérité de la lumière dans le vide. B est une fonction de A et de Z, appelée énergie de liaison du noyau.
Exprimer B(A, Z) en fonction de c, Z et A de la masse du noyau M et des masses des particules élémentaires.
Dm =Z mproton + (A-Z) mneutron - M
B(A, Z) = Dm c2 = [ Z mproton + (A-Z) mneutron -M] c2.
Quel est le signe de B ? Justifier.
L'énergie de liaison est l'énergie qu'il faut fournir à ce noyau au repos pour le dissocier en ses
nucléons isolés et au repos : le système, le noyau, recçoit l'énergie B( A, Z) : B est comptée positivement.
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Interactions dans un noyau.
Le noyau est le siège de deux interactions fondamentales :
l'interaction forte qui s'exerce entre les nucléons, l'interaction
électromagnétique qui s'exerce entre les particules chargées.
Quelles sont les deux autres interactions fondamentales présentes dans la nature ? La
gravitation ( Newton ) ( interaction toujours attractive ) entre
les masses ; elle gère l'infiniment grand ; elle est négligeable dans
l'infiniment petit.
L'interaction faible responsable de la radioactivité ß.
Quels sont parmi les nucléons, ceux qui subissent l'interaction électromagnétique ? Les
protons chargés positivement, subissent l'interaction
électromagnétique. Les neutrons, électriquement neutres, ne subissent
pas cette interaction.
Au sein du noyau, l'interaction électromagnétique est-elle attractive ou répulsive ? Les protons ont tous une charge positive : l'interaction électromagnétique entre protons est donc répulsive.
Les
physiciens du XXème siècle ont établi une expression de la loi ( B(A,
Z) qui donne de bons résultats sur la plupart des noyaux naturels et
artificiels, en assimilant le noyau à une goutte liquide ; on parle du
modèle de la goutte. On raisonne ici dans le cas d'un noyau à géométrie
sphérique, contenant un grand nombre de nucléons ; son volume peut être
considéré comme proportionnel à A.
La loi B(A, Z) suivante est proposée où a1, a2, a3 et a4 sont des coefficients positifs :
B(A, Z) = a1 A -a2 A2/3 - a3 Z2 / A1/3 -a4(A-2Z)2 / A.
Nous désirons ici l'interpréter.
L'interaction forte étant indifféremment attractive pour l'un ou
l'autre type de nucléons, on peut considérer que ceux-ci contribuent
par leur nombre à stabiliser le noyau, d'où le premier terme
proportionnel à A. Mais il faut tenir compte de l'effet de surface :
les nucléons situés en périphérie du noyau n'ont pas autant de voisins
que ceux qui se trouvent au coeur.
Proposer une justification simple au signe du second terme.
Les nucléons du noyau sont liés par l’interaction
nucléaire. En surface les nucléons ont moins de voisins avec qui
interagir, ce qui diminue l'énergie de liaison.
En invoquant une propriété géométrique de la sphère, justifier sommairement l'exposant 2/3.
Le noyau est sphérique de rayon R0 ; le noyau est de plus compact ( son volume est proportionnel au nombre de nucléons A ). Par suite R0 est proportionnel à A1/3.
L'énergie de surface est proportionnelle à la surface du noyau : la
surface de la sphère est proportionnelle au carré du rayon, soit à A2/3.
Les deux derniers termes correspondent à d'autres effets que l'interaction forte :
- l'un est lié à l'existence de l'interaction électromagnétique,
- l'autre est dû à une dissymétrie des rôles joués par les deux familles de nucléons.
Identifier le terme d'origine électromagnétique et préciser le choix.
La répulsion coulombienne existe entre les protons chargés
positivement. On considère le noyau comme une sphère de densité de
charge iniforme.
L'énergie potentielle correspondante à cette distribution de charge est
proportionnelle au carré de la charge totale Q =e Z ; cette énergie est
proportionnelle à Z2 . Seul le 3ème terme convient.
Interpréter l'exposant du dénominateur de ce terme. Justifier son signe.
L'énergie potentielle de la distribution de charge précédente est inversement proportionnelle au rayon de la sphère ( A1/3).
Quant au signe moins : la répulsion entre protons diminue l'énergie de liaison.
Energie de liaison par nucléon. On appelle énergie de liaison par nucléon la quantité El = B(A, Z ) / A, où B est la loi écrite précédemment, avec les valeurs numériques approximatives :
a1 = 15,6 MeV ; a2 = 17,2 MeV ; a3 = 0,70 MeV ; a4 = 23,6 MeV.
Pour
A = 56, tracer le graphe B(A, Z) lorsque Z varie de 20 à 30. Commenter
en indiquant où se trouvent les noyaux les plus stables ?
B(A, Z) = 15,6 A -17,2 A2/3 - 0,70 Z2 / A1/3 -23,6(A-2Z)2 / A.
B(A, Z) = 15,6*56 -17,2 *562/3 - 0,70 Z2 / 561/3 -23,6 (56-2Z)2 / 56.
B(A, Z) = 873,6-251,8-0,18 Z2 -0,42(56-2Z)2 ;
B(A, Z) = 621,8-0,18 Z2 -0,42(56-2Z)2 ;
Z
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20
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21
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22
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23
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24
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25
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26
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27
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28
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29
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30
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B(A, Z) en MeV
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442
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460
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479
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485
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491
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494
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493
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489
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481
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469
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453
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Le nombre de nucléons A étant constant, les noyaux les plus stables
possèdent la plus grande énergie de liaison ( Z= 24, 25 ou 26 ).
Pour une valeur de A fixée, plusieurs valeurs de Z sont possibles.
En étudiant la variation de B(A, Z) avec Z, déterminer une expression de Zm de Z donnant le noyau le plus stable. On ne se préoccupera pas ici du caractère nécessairement entier de Z.
B(A, Z) = 15,6 A -17,2 A2/3 - 0,70 Z2 / A1/3 -23,6(A-2Z)2 / A.
Calculer la dérivée : dB(A,Z) / dZ = - 1,40 Z / A1/3 +94,4 (A-2Z) / A.
La dérivée s'annule pour : 1,4 A Zm = 94,4 (A-2Zm) A1/3 = 94,4 A4/3 -188,8 A1/3Zm ;
Zm (1,4 A +188,8 A1/3 ) = 94,4 A4/3 ; Zm = 94,4 A4/3 / (1,4 A +188,8 A1/3 ) = 94,4 A / (1,4 A2/3 +188,8 ).
Dans la composition d'un tel noyau, quelle famille de nucléons domine ? On va comparer Zm, nombre de protons et A-Zm , nombre de neutrons. A- Zm = A- 94,4 A / (1,4 A2/3 +188,8 ) = A [ 1-94,4 / (1,4 A2/3 +188,8 ) ] Le second terme est inférieur à 1 : donc A est supérieur à Zm ; ces noyaux possèdent plus de neutrons que de protons. A.N : A = 56 ; Zm =94,4 *56 / (1,4 *562/3 +188,8 ) ~ 25.
Quel résultat pour Zm aurait donné le cas où a3=0 ?
B(A, Z) = 15,6 A -17,2 A2/3 -23,6(A-2Z)2 / A.
Calculer la dérivée : dB(A,Z) / dZ = 94,4 (A-2Z) / A.
La dérivée s'annule pour : Zm =½A. A.N : A = 56 ; Zm =28.
Dans cette question, on s'intéresse à des noyaux possédant le même nombre de chacun des nucléons. Comment varierait El = B(A, Z ) / A, si seul le cefficient a1 était présent ? El = B(A, Z ) / A = a1 A / A = a1, valeur constante. Esquissez l'allure du graphe El = B(A, Z ) / A = f(A) en tenant compte de tous les termes pour A < 250. El = B(A, Z ) / A = 15,6 -17,2 / A1/3 - 0,70 Z2 / A4/3 -23,6(1-2Z / A)2 avec Z =0,5 A. El = 15,6 -17,2 / A1/3 - 0,70 *0,25 A2 / A4/3 ; El = 15,6 -17,2 / A1/3 - 0,70 *0,25 A2/3 ; A | 1 | 5 | 10 | 20 | 40 | 100 | 150 | 200 | 250 | El (meV /nucléon) | -1,8 | 5,1 | 7,21 | 8 | 8,6 | 8,1 | 7,45 | 6,7 | 5,9 |
Le
fer est l'élément le plus stable ; les petits noyaux instables
fusionnent ; les gros noyaux instables se cassent en noyaux plus petits
et plus stables.
Dans la suite on admettra que l'allure obtenue
ci-dessus est encore valable, si l'on modifie un peu la relation entre
Z et A tout en conservant Z proche de Zm.
Fission nucléaire :
De multiples réactions de fission peuvent être évoquées dans le cas de l'uranium. Nous nous contenterons ici de l'exemple :
23592U +
10n --->
9438Sr + xyXe + 2
10n. Déterminer x et y en justifiant. Conservation du nombre de nucléons :
235+1 = 94 +2 + x ; x = 140. Conservation du nombre de charge : 92 =38+y ; y = 54. Partant
d'un noyau fissile lourd, on forme des noyaux plus légers ;
peut-on interpréter ce résultat à l'aide de la courbe El =f(A) obtenue précédemment ? Les noyaux fils sont plus stables.
Une seule particule 10n figure dans les réactifs, tandis que l'on en compte deux dans les produits. Une fois la réaction amorcée, quel type de déroulement devient possible pour la réaction ?
Une
réaction en chaîne : un neutron provoque la fission d'un atome
d'uranium 235: il en résulte un plus grand nombre de neutrons qui à
leur tour causent d'autres fissions.
Sur la base de ce qui précède, en quoi diffèrent les conditions de mise en oeuvre de ces réactions dans les domaines civil et militaire ?
Dans le domaine civil, la réaction en chaîne est contrôlée et peut être
arrêtée. Dans le domaine militaire, la réaction en châine doit conduire
à une explosion nucléaire.
Calculer l'énergie de liaison par nucléon de chacun des noyaux intervenant dans la réaction de fission ci-dessus.
9438Sr : El = B(A, Z ) / A = 15,6 -17,2 / A1/3 - 0,70 Z2 / A4/3 -23,6(1-2Z / A)2 avec A = 94 et Z = 38.
El =15,6 -17,2 / 941/3 - 0,70 *382 / 944/3 -23,6(1-2*38 / 94)2 = 8,57 MeV /nucléon.
14054Xe : El =15,6 -17,2 / 1401/3 - 0,70* 542 / 1404/3 -23,6(1-2*54 / 140)2 = 8,24 MeV/nucléon.
En déduire l'énergie libérée par la réaction, qui est égale à la différence entre les énergies de liaison finales et initiales.
23592U : El =15,6 -17,2 / 2351/3 - 0,70 *922 / 2354/3 -23,6(1-2*92 / 235)2 = 7,61 MeV/nucléon.
E réaction =8,24 * 140 + 8,57*94 -235*7,61 ~171 MeV.
La valeur usuellement retenue est 185 MeV. Commenter la pertinence du modèle de la goutte.
L'écart relatif est de l'ordre de (185-171) / 185 = 7,6 %. Le
modèle simple de la goutte donne d'assez bons résultats, néanmoins il
faudrait l'améliorer en prenant en compte l'aspect quantique des
nucléons.
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Fusion nucléaire.
La
fusion nucléaire est une réaction au cours de laquelle deux noyaux
légers s'unissent pour former un noyau plus lourd. la réaction se fait
avec perte de masse et dégagement d'énergie.
On propose l'équation 21Y + 31X
---> baZ +
10n.
La réécrire en précisant les symboles X, Y, Z a et b.
Y et X représentent l'élément hydrogène de numéro atomique égal à 1.
Conservation de la charge : 1+1 = a ; a = 2
Conservation du nombre de nucléons : 2+3 = b+1 d'où b = 4.
21H + 31H
---> 42He +
10n.
On rappelle que El / A est l'énergie
de liaison par nucléon soit environ : (
daprès la courbe d'Aston)
pour 21H : -2
MeV/nucléons d'où :
El(21H) = 2*(-2 ) = -4 MeV
;
pour 31H : -3
MeV/nucléons d'où :
El(31H) = 3*(-3 ) = -9 MeV
;
pour 42He : -7
MeV/nucléons d'où :
El(42He) = 4*(-7 ) = -28
MeV ;
Energie mise en jeu par la réaction de fusion
ci-dessus : El(42He)
-El(31H
)-El(21H) = -28+9+4 = -15
MeV.
Où dans l'univers ce type de réaction a-t-il lieu ?
Les étoiles, le soleil tirent leur énergie de réaction de fusion
nucléaire. Les produits issus de la fusion ( noyau d'hélium, neutron,
photon ) emporte cette énergie sous forme cinétique et
électromagnétique pour les photons.
Aspects environnementaux.
Quelles précautions nécessitent la récupération et le stockage des déchets produits dans un réacteur nucléaire.
Les
déchets radioactifs sont classés selon l’intensité de leur
radioactivité et la demi-vie des atomes radioactifs qu’ils contiennent.
Les dangers sont liés aux rayonnements nocifs émis par les
éléments radioactifs qu’ils renferment.
Les déchets sont isolés de la biosphère par des écrans, des barrières
de confinement. Ils ne doivent pas être mis en contact avec l'eau ; les
barrières de confinement doivent résister aux séismes ; ils doivent
être surveillés : si une barrière se dégrade, un autre doit prendre le
relais.
Comment nomme t-on le temps caractéristique utilisé pour estimer la durée de la nocivité d'une des substances produites ?
La période radioactive ou demi-vie : temps mis par une substance pour voir son
activité diminuer de moitié.
Dans
le cas de la fission et dans le cas de la fusion, les problèmes de
disponibilité des matières premières ( abondance, épuisement ) sont-ils
identiques ? Le
deutérium est disponible naturellement en grandes quantités dans les
océans, mais son extraction est assez complexe. Le tritium est préparé
artificiellement.
L'uranium est une ressource non renouvelable : son exploitation est souvent économiquement d'un côut élevé.
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